Une politique d’achats durables doit donner une vision inspirante qui fédère les parties prenantes autour d’un projet commun en s’appuyant sur des objectifs clairs, ambitieux et réalistes en matière de durabilité.
Évaluer la situation actuelle de l’entreprise
La première étape est d’évaluer la situation actuelle de l’entreprise. Les pratiques d’achat existantes doivent être analysées pour déterminer leur maturité en matière de durabilité. Il conviendra de vérifier la conformité de l’entreprise avec les règlementations en vigueur mais aussi la manière dont l’entreprise anticipe et s’adapte aux évolutions réglementaires dans ce domaine.
Sur le plan opérationnel, la présence d’une politique d’achats durables ou d’une charte éthique avec les fournisseurs formelle est un indicateur important. Il faut évaluer si l’entreprise investit dans le développement des compétences de ses acheteurs en matière de RSE, leur permettant ainsi de prendre des décisions éclairées et d’intégrer ces considérations dans leurs négociations avec les fournisseurs. Il faudra ensuite s’intéresser à la mise en œuvre effective dans les processus avant/pendant/après l’achat : l’évaluation des fournisseurs en terme de RSE, les critères sociaux et environnementaux dans le choix des fournisseurs et leur suivi, l’engagement de l’entreprises avec les fournisseurs pour les accompagner dans l’amélioration de leur pratiques RSE.
Cet état des lieux permettra d’identifier les domaines dans lesquels l’entreprise doit s’améliorer. Une étude d’impact réel sur la chaîne d’approvisionnement des pratiques en place pourra également orienter le choix des objectifs.
Impliquer les parties prenantes dans la définition des objectifs
L’implication des parties prenantes est essentielle car elle permet de créer des objectifs d’achats durables plus pertinents, légitimes et réalistes. Elle favorise l’engagement collectif, stimule l’innovation, réduit les risques et garantit une compréhension partagée des enjeux de développement durable. Ainsi la communauté achat mais également les prescripteurs doivent participer à la rédaction des objectifs. On pourra également faire appel aux fournisseurs pour une démarche collaborative avec des objectifs communs.
Aligner les objectifs d’achats durables avec la stratégie globale de l’entreprise
L’alignement des objectifs d’achats durables avec la stratégie globale de l’entreprise est indispensable pour assurer une intégration efficace de la RSE dans les pratiques d’achat. Cette cohérence permet de renforcer l’engagement de l’entreprise envers le développement durable à tous les niveaux. Elle facilite la mobilisation des ressources nécessaires et l’adhésion des parties prenantes internes et externes. Un tel alignement contribue à créer de la valeur à long terme, en réduisant les risques liés à la chaîne d’approvisionnement et en améliorant la réputation de l’entreprise. Il permet également d’optimiser les performances économiques, environnementales et sociales, tout en favorisant l’innovation et la différenciation sur le marché. Ainsi, les achats durables deviennent un levier stratégique pour atteindre les objectifs globaux de l’entreprise.
Définir des objectifs sur les différents aspects du développement durable
La définition des objectifs d’achats durables nécessite une approche stratégique et intégrée, articulée autour de trois axes complémentaires : transversal, environnemental et social.
L’axe transversal représente la colonne vertébrale de la démarche. Il s’agit de transformer la gouvernance et l’organisation des achats en intégrant systématiquement des critères RSE dans tous les processus. L’objectif est de créer une culture d’achat responsable, en formant l’ensemble de l’équipe aux pratiques durables et en développant un système de notation précis pour évaluer les fournisseurs. La transparence devient un principe fondamental, avec la publication annuelle de rapports détaillés sur les performances d’achats durables.
L’axe environnemental se concentre sur la réduction de l’empreinte écologique. Les objectifs visent à diminuer significativement les émissions carbone, privilégier les matières premières renouvelables et recyclées, et repenser les modes de production et d’approvisionnement. La stratégie implique par exemple de favoriser les fournisseurs locaux, d’éliminer progressivement les plastiques à usage unique et d’intégrer des principes d’éco-conception dans le développement des produits.
L’axe social vise à promouvoir des pratiques éthiques et inclusives. Il s’agit de garantir le respect des droits humains et des normes internationales du travail chez tous les fournisseurs. Les objectifs incluent par exemple le développement des compétences dans les pays en développement, la promotion de la diversité et de l’égalité des chances, et la mise en place de mécanismes de dialogue et de réclamation pour les travailleurs de la chaîne d’approvisionnement.
Cette approche holistique permet de transformer les achats en un véritable levier de transformation sociale et environnementale, créant de la valeur partagée pour l’entreprise et ses parties prenantes.
Il est important de rappeler que les objectifs doivent être réalistes et activables par les acheteurs.
Établir des indicateurs de performance (KPI) pertinents
Les indicateurs clés de performance permettront de mesurer les progrès et l’impact de votre démarche d’achats durables. Ils doivent être adaptés aux objectifs fixés, quantifiables et faciles à suivre dans le temps. On peut classer les indicateurs en trois catégories : réalisation, résultat et impact.
Un indicateur de réalisation mesure les actions concrètes mises en œuvre dans le cadre d’un projet ou d’une stratégie. Il permet d’évaluer l’avancement et l’exécution des activités prévues. Ces indicateurs sont généralement quantitatifs et facilement mesurables. Ils peuvent inclure, par exemple, le nombre de formations dispensées, ou le nombre de fournisseurs audités. Les indicateurs de réalisation sont essentiels pour suivre la progression du projet, identifier les écarts par rapport aux objectifs initiaux, et prendre des mesures correctives si nécessaire. Ils constituent un outil de pilotage important pour les gestionnaires de projet et permettent de communiquer efficacement sur l’état d’avancement aux parties prenantes.
Un indicateur de résultat mesure les effets directs et à court terme des actions mises en œuvre dans le cadre d’un projet ou d’une stratégie. Il évalue l’efficacité des initiatives en termes de changements observables et quantifiables. Ces indicateurs reflètent les conséquences immédiates des activités sur les bénéficiaires ciblés ou les processus visés. Par exemple, quand l’indicateur de réalisation mesure le nombre de formations dispensées, l’indicateur de résultat mesure le nombre de participants. Les indicateurs de résultats sont fondamentaux pour démontrer l’impact tangible des efforts déployés et pour justifier la poursuite ou l’ajustement des actions entreprises.
Un indicateur d’impact mesure les effets et les changements durables attribuables à l’action menée. Ils nécessitent des méthodes d’évaluation, pour démontrer objectivement le lien de causalité entre les activités et les impacts observés. L’impact d’une formation par exemple, peut se mesurer en questionnant apprenants sur la mise en application des connaissances acquises et le bénéfice qu’ils en ont retiré. Les indicateurs d’impact sont essentiels pour comprendre l’efficacité réelle d’une initiative et orienter les stratégies futures.
L’utilisation combinée de ces différents types d’indicateurs permet d’avoir une vision complète de la performance de la démarche d’achats durables, depuis sa mise en œuvre jusqu’à ses effets à long terme sur l’entreprise et la société.
Planifier la mise en œuvre
Définir les objectifs de votre démarche d’achats durables prendra du temps. Mettre en place un calendrier réaliste et s’assurer de l’allocation des ressources seront des éléments clés pour mener vos groupes de travail à s’imprégner des sujets. L’expertise de chacun enrichira les réflexions pour déterminer les axes d’amélioration de l’entreprise et la définition d’objectifs accessibles à chacun à court, moyen et long terme.
Une communication régulière des avancées de votre démarche permettra de garder l’implication de tous et systématiser l’intégration du développement durable dans les pratiques d’achat.
Conclusion
En conclusion, l’adoption d’une approche structurée pour définir les objectifs d’achats durables est fondamentale pour le succès et l’efficacité de toute démarche RSE au sein d’une entreprise. Cette méthodologie rigoureuse permet non seulement d’aligner les pratiques d’achat avec la stratégie globale de l’entreprise, mais aussi d’impliquer efficacement toutes les parties prenantes.
En structurant les objectifs autour des axes transversal, environnemental et social, les entreprises peuvent s’assurer de couvrir l’ensemble des enjeux pertinents et de créer un impact significatif et mesurable.
Cependant, la définition des objectifs n’est que le début du voyage vers des achats véritablement durables. Il est essentiel d’encourager une culture d’action et d’amélioration continue. Cela implique de mettre en place des systèmes de suivi efficaces, d’analyser régulièrement les progrès réalisés et d’ajuster les stratégies en conséquence.
L’utilisation judicieuse des indicateurs de réalisation, de résultat et d’impact permet de mesurer les avancées à court et long terme, offrant ainsi une vision complète de la performance des achats durables.
En s’engageant dans cette voie, les entreprises ne se contentent pas de répondre aux attentes croissantes des consommateurs et des régulateurs ; elles se positionnent comme des leaders de la transformation durable de l’économie, créant de la valeur pour l’ensemble de leurs parties prenantes et contribuant à un avenir plus responsable et équitable.
